Les enjeux sont de taille : l’AGIRC et l’ARRCO assurent 60% de notre pension.
Alors que l’ouverture de la négociation sur les régimes de retraites complémentaires a été repoussée au mois de février prochain par le patronat, la campagne idéologique s’organise : la Cour des comptes publie un rapport dénonçant le déficit des régimes et appelant à des mesures de rigueur supportées exclusivement par les salariés ; le patronat s’engouffre dans la brèche pour exiger un report à 65 ans de l’âge d’ouverture des droits à retraite complémentaire, suivi par le ministre du Travail qui propose d’allonger la durée de cotisation !
Depuis 2003, la somme des cotisations perçues par l’AGIRC ne lui permet plus de couvrir le paiement des pensions ; elle puise dans ses réserves pour maintenir le montant des retraites. Sauf nouvel accord paritaire, toutes les pensions AGIRC devraient être diminuées de 5,15 % en 2018. La situation est identique à l’ARRCO avec un horizon d’épuisement des réserves à 2027, entraînant une diminution des pensions de 10,48 % en 2028.
Refusant obstinément d’augmenter les ressources des régimes, le Medef propose pour partie, de faire payer la retraite des cadres par les non-cadres en créant un nouveau régime unique de retraite complémentaire, fusionnant les deux régimes. L’idée du Medef est de siphonner les réserves de l’ARRCO pour maintenir le montant des pensions des cadres retraités et « de se donner ainsi le temps », selon son expression, de reculer l’âge d’ouverture du droit à retraite d’abord à 65 ans, voire plus selon les nécessités financières. Mais l’épuisement des réserves ainsi mutualisées surviendrait en 2024 au lieu de 2027 pour l’ARRCO…