Solidaire mais pas tous !
L’ensemble de la planète expérimente le confinement physique contraint, une épreuve qui questionne notre mode de fonctionnement. Il est pourtant une classe de personnes qui se confinent idéologiquement, volontairement, cloisonnés qu’ils sont dans une logique de pensée dont ils ont jeté les clés qui permettraient de s’en affranchir.
Le 18 mars dernier, le PDG du groupe Total s’est exprimé dans un message vidéo pour exposer les décisions que selon lui il convient de prendre pour faire face à la crise boursière engendrée par le COVID19, et à l’effondrement du cours du brut qui résulte de l’affrontement pétrolier entre la Russie et l’Arabie Saoudite.
Le manque à gagner du groupe Total pour l’année à venir est estimé à 9 milliards de dollars. Le PDG rappelle que cette somme correspond à la moitié des investissements du groupe et au montant des dividendes prévus cette année, tout en insistant sur la bonne santé de l’entreprise en matière d’endettement de de contrôle des coûts d’exploration et de production.
Et que propose-t-il pour combler ce manque à gagner projeté? Ni plus ni moins que les mêmes recettes qui ont laissé exsangues les acteurs du groupe en termes de moyens et d’effectifs! 3,3 milliards d’investissements en moins (-20%), un nouveau tour de vis sur les coûts opérationnels (800 millions), le gel des recrutements, la suppression de 1,6 milliards de rachats d’action (la seule bonne nouvelle), et un emprunt de 4 milliards de dollars pour faire la maille!
Il semble à la CGT que la règle à calcul peut être utilisée d’une autre façon: 9 milliards de manque à gagner versus 9 milliards de dividendes égalent zéro, la tête à toto. Ce choix de ne pas verser de dividendes, ENI et SHELL l’ont fait, le ministre de l’économie et des finances l’a fait s’agissant des sociétés dont l’état français est actionnaire, et même la BCE (banque centrale européenne) demande aux banques de ne pas en verser!
En actionnant encore et toujours les leviers de la contrainte budgétaire et de l’emprunt, alors qu’il admet lui-même que la situation financière du groupe est plus saine qu’en 2014, année du premier tour de vis de réduction des coûts, le PDG insulte l’avenir.
Il faut bien comprendre que ce sont encore les salariés qui payeront les économies envisagées:
•-20% d’investissement = moins de travail, course au budget (RFS), moins de demandes des filiales
•Réduction des couts opérationnels = une nouvelle 4C&D, sur les déplacements, sur les augmentations salariales et sur tout le quotidien des salariés
•Gel des embauches: déjà à flux tendu dans certains secteurs, c‘est encore une surcharge de travail et une perte des compétences avec le non-remplacement des départs en retraite
L’après confinement se prépare dès à présent et le groupe Total a les moyens de faire face sans réduire ses investissements, sans amputer le nécessaire renouvellement des équipes, sans réendetterle groupe, en mettant à contribution ses actionnaires.
Le PDG du groupe Total ose affirmer que la valeur cardinale à ses yeux est la solidarité. Le moment est particulièrement bien choisi pour élargir cette vertu aux actionnaires, tous confinés qu’ils soient. Et de préparer le dé-confinement, à commencer par celui des esprits!