Communiqué de presse
Coordination des Syndicats CGT du Groupe TotalEnergies
Paris La Défense, lundi 26 février 2024,
Face aux médias et à l’opinion publique, jeter en pâture les salariés de TotalEnergies sur
la base d’éléments de communication mensongers, ça suffit !
Comme s’il ne suffisait pas d’entendre le PDG se dire « fatigué » de la polémique sur son salaire ou du mensonge sur les soi-disant 5 000€ de salaire mensuel des raffineurs, TotalEnergies continue de manipuler les chiffres pour préserver son image. La CGT décide donc de répondre point par point à la campagne de désinformation à laquelle se livre la Direction de notre Groupe, notamment dernièrement dans une interview au Journal Du Dimanche ou sur BFMTV.
Tout d’abord, concernant l’emploi, TotalEnergies se vante d’avoir procédé à 2 500 recrutements en CDI en 2023. Ce chiffre est faussé, car les recrutements dans les stations-services en gérance – donc des contrats de travail hors TotalEnergies – y sont intégrés. La réalité est que, entre 2019 et 2023, malgré les recrutements qui se sont faits, l’emploi dans le Groupe TotalEnergies a reculé. En effet, les effectifs en France sont passés de 34 900 à 33 300 salariés, soit la disparition de 1 600 emplois en moins de 4 ans.
La contribution des restructurations de sites industriels français dans cette baisse d’effectifs est importante. Pour exemple, lorsque TotalEnergies ferme une raffinerie pour la transformer, c’est en moyenne 38% des emplois qui sont supprimés et ce sont 90% des capacités de traitements qui disparaissent. Ces restructurations constituent un réel recul de l’industrie en France et sont une catastrophe pour toutes les entreprises sous-traitantes.
Concernant la soi-disant attractivité du Groupe, le discours en interne est bien différent. En plus de connaitre de grandes difficultés à recruter dans les nouveaux métiers tels que les renouvelables et la mobilité électrique, TotalEnergies a prévenu fin 2022 que les Ressources Humaines ne parvenaient pas à recruter du personnel dans la gestion des services informatiques. C’est ainsi qu’en 2023, 50 emplois ont été délocalisés en Roumanie.
La pyramide des âges chez TotalEnergies présente un profil « champignon », ce qui démontre une population de salariés vieillissante. La CGT précise que les 2 400 contrats de professionnalisation présents à l’effectif ne débouchent quasiment jamais sur une embauche en CDI. De plus, ces jeunes sont souvent utilisés pour occuper des postes structurels, ce qui provoque beaucoup de « trous » dans l’organigramme.
Concernant l’économie, il est faux de prétendre que TotalEnergies aurait atteint un résultat record en 2023, même si les chiffres indiquent une année tout à fait exceptionnelle. En effet, l’année 2022 a généré 36% de bénéfices supplémentaires, mais le jeu d’écritures comptables avec la dépréciation des actifs russes a dissimulé cette réalité au grand public.
Le résultat net ajusté de TotalEnergies démontre une tout autre réalité : il a été de 38,2 G$* en 2022 contre 23,2 G$ en 2023. C’est ainsi qu’en 2022, avec 45 G$ de « cash-flow » générés par le seul travail des salariés, ce sont d’abord les actionnaires qui ont été servis captant 38% de cette somme. Arrivent en deuxième les banques avec 32%, ce qui a permis de réduire la dette du Groupe. En dernier, les investissements avec seulement 26%. Leur augmentation est modeste et leur part dans l’utilisation du cash se réduit, à savoir 15 G$, soit une diminution de 10 G$ en 10 ans. Avec 18 G$ captés par les actionnaires, 2022 aura permis d’atteindre un triste record, celui de l’année où le « coût du Capital » aura dépassé celui des investissements pour garantir l’avenir du Groupe et le développement des énergies renouvelables. Il est fort à parier que l’analyse détaillée des chiffres de 2023 confirmera cette nouvelle donne.
*G$ = Milliards de dollars
Dans le même registre, TotalEnergies prétend que le Groupe aurait perdu 8 G€ pendant le COVID. Encore une fois, c’est une formulation orientée de la réalité des chiffres. En effet, pour l’année 2020, le résultat opérationnel net ajusté a été de +5,8 G$. Encore ici, la Direction du Groupe intègre volontairement la dépréciation des sables bitumineux au Canada à hauteur de 11,4 G$ pour faire croire à des pertes imaginaires. Rappelons que cette même année, malgré des résultats « dégradés », TotalEnergies a refusé de baisser les dividendes versés aux actionnaires et s’est tourné vers les banques pour les financer. Ce qui a engendré une hausse de son taux d’endettement de 3 points, passant de 16 à 19%, une véritable hérésie !
TotalEnergies aimant rappeler que 80% de ses salariés français sont actionnaires, la CGT précise que ce chiffre est lié au fait que le Groupe, au travers du versement d’abondements aux sommes épargnées par les salariés, a privilégié ce mode de rémunération au détriment des augmentations de salaires garanties pour toutes et tous. Si les salariés souhaitent bénéficier d’une rémunération complète, ils n’ont pas d’autres choix que de souscrire à un plan d’épargne d’entreprise. Pour les 20% du personnel aux salaires les plus bas, il est impossible d’épargner. Ce sont eux qui connaissent la plus grande perte de pouvoir d’achat. Pour la CGT, il n’y a pas de quoi se vanter d’un tel chiffre.
Concernant « la restauration de la souveraineté énergétique de la France » à laquelle TotalEnergies participerait, la CGT reste dubitative. Avec la fermeture de 3 raffineries en 15 ans, le Groupe, année après année, n’a fait qu’augmenter les importations françaises de carburants depuis, entres autres, le Moyen-Orient. Ce qui soumet la France à une forte dépendance énergétique, surtout en cas de problèmes géopolitiques. Les dernières augmentations des prix à la pompe en sont le reflet.
Côté Gaz Naturel Liquéfié, il est étonnant de voir TotalEnergies se vanter de l’installation d’un terminal méthanier au Havre. En effet, ce terminal a pour vocation de réceptionner essentiellement du GNL venant des USA et issu de l’industrie du gaz de schiste, une des extractions les plus polluantes au monde. Ici encore, la Direction du Groupe a raté une occasion de se taire.
Concernant la politique de rémunération du Groupe, prétendre qu’il n’y a « aucun salaire mensuel sous 2 000 euros bruts » est factuellement faux. La réalité est que les grandes grèves des salariés du Groupe TotalEnergies en 2022 pour la préservation du pouvoir d’achat ont permis d’obtenir une garantie de rémunération de 24 000 euros bruts annuels, 13ème mois et primes comprises. La Direction mélange volontairement rémunération annuelle et salaire mensuel pour grossir artificiellement les chiffres, une stratégie de communication que nous dénonçons.
Dans la même veine, prétendre que « l’intéressement de chaque salarié est supérieur à 9 000 euros » est un mensonge. Ce chiffre est une moyenne – et non un minimum comme le suggère cette citation – pour une population de 14 000 salariés sur les 33 000 que compte le Groupe en France. Sur cette plus large population, les sommes perçues sont bien inférieures. Pour exemple, les salariés des stations-services autoroutières ont perçu au minimum 800€ d’intéressement. D’autres, dans les usines de caoutchouc, perçoivent un minimal de 415€. Là encore, TotalEnergies choisit son périmètre pour communiquer des chiffres plus élevés que la réalité. La CGT dénonce à nouveau cette communication malhonnête et ces inégalités de traitements flagrantes.
Enfin, concernant les augmentations de salaires annuelles, nous constatons toujours la même manipulation. Dans sa communication, TotalEnergies « mélange les choux et les carottes ». Lorsque le Groupe annonce « une enveloppe d’augmentation de 5% en 2023 », laissant croire que tous les salariés l’auraient perçu, la réalité est tout autre. En effet, nombreux sont ceux qui ont perçu la seule augmentation générale garantie pour toutes et tous, à savoir 3,4%, chiffre inférieur au taux d’inflation subi par les salariés.
D’ailleurs, avec ce taux d’inflation INSEE à 4,8% pour 2023, les salariés de TotalEnergies s’agacent d’avoir de nouveau perdu du pouvoir d’achat, alors qu’ils travaillent dans un Groupe richissime. La CGT réclame à la Direction du Groupe de répondre à ce mécontentement avant la mi-année, plutôt que d’arpenter les plateaux des chaines d’information en continu pour faire croire à une fausse exemplarité sur le volet social. La CGT continue de discuter avec les salariés pour trouver quels modes d’actions seront mis prochainement en place pour rappeler TotalEnergies à ses obligations sociales, industrielles et environnementales.
Contact presse : Eric SELLINI Coordinateur CGT du Groupe TotalEnergies +33 6 17 82 59 06