La CGT n’abandonne pas les critiques qu’elle a toujours formulées à l’encontre des dispositifs de participation financière et d’épargne salariale. Le développement de ces dispositifs est dangereux, car il vient en opposition au salaire et fragilise la protection sociale au travers des exonérations de cotisations sociales dont il bénéficie. Pour autant, cela ne nous empêche pas d’intervenir
syndicalement sur ces dispositifs. La rémunération des salariés concerne la CGT. Elle ne peut s’en désintéresser.
Ces dispositifs d’épargne salariale constituent une part de la rémunération globale des salariés, part qui peut être importante pour tous et bien plus encore pour les salariés les plus mal rémunérés du Groupe (Argedis, Hutchinson, Saft ou TOTAL Lubrifiant par exemple)
La CGT a toujours dénoncé le risque majeur de l’épargne salariale, celui d’une substitution au salaire. Ce risque est bien réel : le discours managérial, avec la montée du thème de la rémunération globale, en est une preuve. Car du point de vue de la direction du Groupe TOTAL, il faudrait traiter globalement l’ensemble des éléments de rémunération des salariés (salaires, intéressement/participation/épargne salariale, épargne retraite, prévoyance santé).
La direction se fixe aujourd’hui un objectif de coût global par salarié (injustement appelé coût du travail) incluant salaire direct, cotisations sociales, épargne salariale et abondement, épargne retraite, prévoyance, puis négocie avec les syndicats entre ces différents éléments (l’objectif étant que la négociation porte sur la répartition de l’enveloppe et non sur son montant global). Ce qui amène régulièrement à des négociations « salaire » au plus bas niveau et un gel sur l’augmentation de vos coefficients d’emploi.
Les évolutions législatives de ces dernières années ont renforcé ces tendances. En dressant une liste de 5 thèmes à la NAO (Négociation Annuelle Obligatoire) : salaires, temps et conditions de travail, égalité professionnelle, prévoyance, épargne salariale, le législateur a favorisé de telles évolutions. TOTAL défend donc aujourd’hui une approche globale de la rémunération au détriment du salaire direct.
Ces évolutions posent la question du financement de la protection sociale. Les directions des entreprises privilégient avec l’actionnariat les éléments de rémunération « non chargées » (c’est-à-dire non soumises à cotisations sociales) par rapport aux éléments « chargés ». Cela occasionne des pertes de recettes considérables pour la protection sociale (ex : pour 100 € d’épargne salariale, la perte est d’environ 40 € !) .
La CGT a décidé d’adopter une démarche syndicale offensive face à ce constat et ne se contentera pas d’une critique idéologique