Mais que font-nos syndicats ? (interview entre un salarié TOTAL et un représentant de la CGT)
Salarié : En pleine réorganisation « One Total », comment cela se passe-t-il entre nos différents syndicats aujourd’hui à Total ? Quels sont vos moyens d’actions?
CGT : Aujourd’hui nous sommes confrontés à un grand plan de réorganisation dit « ONE Total » et on s’aperçoit que la division entre les syndicats présents s’est accentuée. Ce qui freine, voire bloque, tous nos moyens d’actions.
Qu’est ce cela veut dire?
CGT : Depuis quelques années déjà, nous rencontrons des difficultés à créer une intersyndicale pour aller devant les salariés.
Sur le sujet « ONE Total », la CGT a proposé aux autres syndicats de se réunir en intersyndicale pour expliquer les enjeux de ce plan et écouter les salariés, seul le SICTAME était partant….
Faute de temps, la CGT s’est retrouvée toute seule au début de l’été devant les salariés lors des réunions d’information organisées sur Paris et Pau.
Ce qui est dommage car pour défendre les intérêts des salariés face à un plan comme celui-ci, il est préférable d’être unis. Pour rappel, nous avons pu GAGNER grâce au front intersyndical en 1999 contre le plan du Président de l’époque, Jaffré, qui déjà voulait modifier structurellement le Groupe en externalisant…
Et qu’en est-il aujourd’hui?
CGT : Avec le projet « ONE Total », certains syndicats se sont d’entrée de jeu rangés aux cotés de la Direction et n’ont pas voulu venir devant les salariés pour exercer leur devoir de recueil de leur avis et répondre à leurs questionnements.
Lors du CCE sur la remise d’avis sur ce projet, le SICTAME et la CGT ont proposé de voter une résolution visant à faire modifier le projet sur l’aspect fondamental du transfert automatique des contrats de travail de Total SA, ou Elf EP, aux sociétés TGx.
Alors que tous les syndicats auraient pu s’unir pour défendre l’intérêt général des salariés, certains ont fait pression, avec l’aide de la Direction, pour ne pas voter cette résolution. Ils ont préféré donner un avis, certes négatif, mais permettant ainsi de clôturer la procédure d’information-consultation permettant ainsi à la Direction de développer son projet comme elle l’entend.
Mais pourtant vous avez le droit à la parole?
CGT : Oui mais il faut savoir que ce sont les syndicats qui recueillent plus de 30% des voix aux élections qui ont pouvoir de valider un accord.
Pour s’y opposer il faut que d’autres syndicats réunissent au moins 50% des voix.
Aujourd’hui, il y a 4 syndicats dit représentatifs au niveau de l’UES Amont Holding :
SICTAME-UNSA : 30.18%, CFE-CGC : 21.42%, CFDT : 20.71% et CGT : 12.43%.
On se rend compte que CFDT et CFE-CGC pèsent 42.13% et sont les plus enclins à signer tout accord, la CGT et le SICTAME n’ont pas les 50% requis (42.61%) pour pouvoir s’y opposer.
D’accord mais pourquoi une opposition est elle nécessaire plutôt que d’être unis pour faire avancer des accords?
CGT : Le souci à ce niveau là est bien le jeu de la Direction avec les syndicats « signataires ».
En effet, du fait que CGT et SICTAME ne peuvent s’opposer, la Direction n’a pas besoin de recueillir leur signature pour valider les accords et donc les propositions que nous pouvons faire lors des séances de négociation sont souvent le plus souvent laissées pour compte.
Si nous pouvions capitaliser 50% des voix, la Direction serait dans l’obligation de recueillir une troisième signature, à minima, pour ne pas voir d’opposition à ces accords et de fait les propositions de la CGT ou du SICTAME devraient être intégrées dans ces accords.
Au global, l’intérêt général des salariés serait mieux défendu et les accords seraient plus intéressants pour les salariés.
Comment pourrions-nous agir pour avoir cette meilleure représentativité?
CGT : C’est simple, le 18 octobre auront lieu les prochaines élections des représentants du personnel, avec dès le 3 octobre l’ouverture du vote électronique.
Les salariés doivent avoir conscience que leur vote sera décisif pour les années à venir.
Ha bon? Que va-t-il se passer dans les années à venir?
Nous voyons aujourd’hui ce projet d’envergure « ONE Total », le plus grand projet depuis 2000 dans le groupe, et cela nous laisse bien évidemment entrevoir une accélération des restructurations fondamentales de notre entreprise.
Si les salariés ne s’arment pas de représentants et de syndicats pouvant être force de proposition dans les négociations à venir, la Direction aura les coudées franches pour dérouler autant de plans qu’elle veut…cela pose question tant pour la sécurité des salariés que pour le devenir de l’entreprise.
Malgré cela, est ce possible de renverser la vapeur?
CGT : Oui, il faut bien avoir à l’idée que malgré la masse de plus de 8000 salariés de notre UES, 30 à 40 voix peuvent représenter un point de représentativité à la CGT…chacun peut vite calculer que ces fameux 50% ne sont pas une utopie.
C’est pour cela qu’il est important que chaque salarié s’approprie le droit de vote et s’exprime, en tout conscience.
Aux dernières élections, trop de salariés n’ont pas voté!
Désabusés? Résignés?
C’est bien aux prochaines élections que chacun doit s’exprimer si l’on veut de se garantir la meilleure protection collective pour les salariés dans l’entreprise.
Il n’est pas trop tard… il est jamais trop tard… exprimez vous en votant le 18 octobre !